Des utilisations plus traditionnelles
Le typha australis n’est pas considéré par tous comme un fléau ou comme une « plante envahissante qui ne sert à rien ». En effet, dans un milieu sahélien marqué par la raréfaction des ressources, il représente un matériau indispensable à la vie quotidienne, tout particulièrement pour les personnes les plus vulnérables. Il peut être utilisé pour construire des cases, des palissades pour délimiter les périmètres d’habitation et de culture des champs ou encore des nattes pour couvrir le sol poussiéreux. Ces modes traditionnels de valorisation peuvent permettre aux habitants des villages du delta du fleuve Sénégal de se loger à moindre coût ou de trouver une activité source de revenus par la vente du typha séché, des produits finis ou de leurs compétences. Depuis plusieurs décennies, la plante fait donc partie intégrante d’un artisanat local encore présent sur les rives sénégalaises. Ce savoir-faire est de moins en moins objet de transmission entre les générations mais reste nécessaire à la subsistance de plusieurs familles.
Une autre espèce végétale qui pousse à proximité du typha est particulièrement appréciée des habitants de la vallée du fleuve, et surtout des femmes : le « gowé ». Cet encens naturel en grains est mélangé à du parfum, et utilisé pour purifier l’air des maisons et pour « séduire » les époux. Il s’agit d’une source de revenu non négligeable pour certains villageois spécialisés dans sa collecte.
Collecteur et revendeur de typha séché, Guidakhar , 2016
Utilisation du typha pour habiller les cases peules, Ronkh, 2017
Construction d’une palissade avec du typha séché, Ronkh, 2017
Tressage d’une natte en typha séché, Mbagam, 2017
Collecte et séchage du « gowé », Ronkh, 2017
© Audrey Dupont – Camara